Jouer aux flics et aux voleurs (au chat et à la souris) au Sahel

m.armanino . 17/03/2024 . Temps de lecture : 5 minutes

Nous avons joué quand nous étions enfants, changeant de rôle selon les jours. Les voleurs qui se cachaient et tentaient d’échapper aux gardes qui les recherchaient pour les arrêter et les mettre en « prison ». Le lendemain, c’est le contraire qui s’est produit, inversant les identités. Des gardes parce qu’il y avait des voleurs et des voleurs qui s’enfuyaient parce qu’il y avait des gardes. L’heure n’est plus aux jeux car les jeux se jouent dans le temps, dans l’histoire d’aujourd’hui. Les flics et les voleurs ont besoin les uns des autres pour se réaliser.

Lors de mon service de volontaire à la prison de Marassi, ce jeu de rôle m’est apparu particulièrement évident. Il s’agissait en fin de compte de remercier les « voleurs » pour ce qu’ils ont opéré sur le marché de la sécurité, car c’est eux qui ont garanti la pérennité de l’institution pénitentiaire. D’autant plus que les rôles, comme dans le jeu, apparaissent interchangeables dans le grand spectacle mis en scène, entre farce et drame qui se répète. Ce jeu qu’on pourrait appeler sous d’autres latitudes chats et souris change les noms mais pas le principe. Un jeu de société. Dans ce monde de voleurs, comme on le chantait au siècle dernier dans ce monde fou, des efforts sont déployés pour développer les opérations dans trois secteurs qualifiés. la priorité est celle des mots que les voleurs savent être le bien le plus précieux et le plus recherché de l’humanité. Voler le sens, le destin et la finalité des mots, c’est enlever le présent, le passé et surtout l’avenir de la société. En effet, des mots naît la vie et en même temps ce qui la trahit, comme les promesses, les serments et les croyances. Voler des mots est un crime horrible car il s’agit ni plus ni moins d’une manipulation de la réalité. Et c’est exactement ce que le deuxième secteur est l’apanage des voleurs. Supprimer la réalité ou des parties de celle-ci constitue un crime dont les conséquences sont irréparables. La falsification de la réalité, c’est-à-dire la substitution de la vérité au mensonge, est la chose la plus dangereuse qu’on puisse imaginer. En fait, cette opération a un impact profond sur la crédibilité que les adultes revendiquent envers les jeunes qui tentent de marcher sur un chemin friable, sans références ni perspectives. L’incertitude devient alors la seule perspective acceptable. Finalement, évidemment, les voleurs enlèvent l’argent et donc le pouvoir qui leur ressort très souvent. inséparable. Voler de l’argent, des ressources, corrompre, voler des fonds, prêter à usure, imprimer de la fausse monnaie et d’autres opérations similaires, semble tout à fait conforme au rôle social confié aux voleurs. Les soi-disant « paradis » l’impôt », largement accepté et reconnu, en est le symptôme le plus connu. L’argent et le pouvoir, tels qu’ils sont, ils semblent aussi jouer aux voleurs et aux gardes. Ces derniers ont aussi des espaces, des territoires et des situations qui facilitent la réalisation de leur vocation ou de leur mission. Et c’est à ce stade que l’on ne peut manquer d’évoquer les frontières. Ailleurs, comme dans notre région, ils sont l’un des révélateurs ou « miroirs » de la manière dont toute société dans le monde fonctionne et est organisée. Les taxes sont payées pour les documents manquants, pour les marchandises transportées, pour les certificats médicaux, les certificats de vaccination et tout simplement pour la nationalité considérée avec méfiance de l’autre côté de la frontière. Les noms, itinéraires, destinations et argent sont enregistrés ils se cachent pour éviter une saisie ou un prêt permanent. Pire si vous êtes migrant car, compte tenu du profil du voyageur, chacun a le droit de s’approprier l’argent du voyage. Les frontières sont dangereuses même lorsqu’il n’y a pas de fils barbelés ou de systèmes de contrôle facial, car les gardes y vivent.

Des frontières fixes, mobiles, aquatiques, aériennes ou imaginaires sont essentielles à l’identité des gardiens. L’autre domaine favorable aux gardiens est le domaine politique. Il y a les gardiens du temple, de la révolution, de l’orthodoxie, de la vérité établie ou de celle choisie du moment. Malheur à la politique s’ils n’étaient pas là protéger un régime des tendances libertaires ou anarchistes qui se cachent toujours. Même dans des moments sans méfiance des gardes du corps et des agents de sécurité assurent la fonctionnalité du système. Même les anges, parfois, oui ils agissent comme des gardiens pour faciliter la vie des fidèles. Enfin, nous retrouvons les gardiens du gardiens, un type plus raffiné de contrôle numérique et numérique. À l’ère du capitalisme cannibale ou surveillance, ce sont justement eux, les gardiens des gardiens, qui rassurent les idéologies dominantes. Jusqu’à ce que, avant la fin, les voleurs reviennent pour rétablir l’ordre que les gardes avaient volé.

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