D’après mon expérience, lorsqu’il s’agit de collecter des fonds pour soutenir des projets sociaux en Afrique, je me suis retrouvé plus d’une fois obligé de faire des choix difficiles. L’option la plus immédiate semble être d’investir dans des installations essentielles telles que des écoles, des dispensaires, des orphelinats, etc., à « faible coût », pour garantir un impact rapide et efficace sur les communautés dans le besoin. Cette approche est particulièrement cruciale dans des régions comme le Sahel, où des conditions environnementales extrêmes nécessitent des solutions rapides, et où le « faible coût » peut accélérer la collecte de fonds. Cependant, je pense qu’il pourrait y avoir une autre perspective qui pourrait révolutionner la philanthropie en Afrique : l’importance d’investir dans la beauté. Ce concept prend un rôle important dans les régions d’Afrique de l’Ouest, où de multiples défis nécessitent non seulement la création de structures résistantes et fonctionnelles, mais également d’un grand impact architectural, pour des raisons qui vont bien au-delà de l’aspect esthétique. Il est indéniable que les « beaux » projets coûtent plus cher que les projets essentiels et fonctionnels. Cependant, la beauté va bien au-delà du visuel ; cela implique également l’aspect émotionnel et psychologique des personnes. Investir dans la beauté n’est pas seulement un luxe esthétique, mais peut avoir un impact durable sur les communautés et leur résilience. L’un des principaux défis de nombreux projets de développement en Afrique est la durabilité. Trop souvent, nous voyons des installations essentielles construites de manière négligente, sans vision à long terme, en raison de restrictions budgétaires. Les écoles se délabrent, les toits de tôle s’envolent à la première tempête et les tuiles tombent des murs des cliniques jusqu’au sol, mettant ainsi la santé des gens en danger. Et même si ce n’est pas le cas partout, j’ai vu plus de structures en mauvais état que de structures bien entretenues au cours de mes voyages. Dans ce contexte, la beauté peut jouer un rôle clé dans la construction d’infrastructures durables, notamment dans les régions du Sahel et du Sahara, où les conditions climatiques extrêmes nécessitent des solutions de construction robustes. Investir dans de beaux projets, c’est impliquer les communautés locales dans leur mise en œuvre. Par exemple, lors de la construction d’une école au design attrayant, vous pouvez impliquer des artisans locaux dans la construction et la décoration des bâtiments, leur permettant ainsi d’appliquer leurs compétences traditionnelles dans de nouveaux contextes. De plus, l’utilisation de matériaux de haute qualité, de préférence locaux, et d’excellentes finitions améliorent non seulement l’aspect esthétique des structures, mais également leur durabilité et leur facilité d’entretien. Un bâtiment bien conçu, construit avec des matériaux de qualité, nécessitera moins d’entretien au fil du temps, et cela peut être géré par la main-d’œuvre locale qui a contribué à sa création.
Une conception de bâtiment de haute qualité alliant fonctionnalité et esthétique est essentielle pour obtenir d’excellents résultats. Pour ce faire, il est essentiel de favoriser un échange constant d’informations entre designers et architectes locaux. Cette interaction, qui commence depuis les matériaux utilisés jusqu’au choix des plantes, garantit une intégration efficace des besoins et des ressources locales dans les projets, maximisant ainsi l’efficacité et la durabilité. Soutenir un projet dans lequel une attention particulière est portée à toute la chaîne, de la conception à la mise en œuvre, afin de créer une structure de pertinence sociale, revêt une valeur significative en tant qu’initiative de responsabilité sociale d’entreprise, une approche de plus en plus accueillie dans le monde du profit. Une structure de bâtiment d’une beauté reconnue reflète positivement ceux qui ont soutenu financièrement le projet. La beauté a aussi le pouvoir d’inspirer et de motiver les gens. Lorsque les communautés voient naître de beaux projets fonctionnels, elles sont plus enclines à s’en soucier et à développer un sentiment de fierté pour ce qu’elles ont créé ensemble. Cela peut conduire à une plus grande participation et à un maintien des structures au fil du temps. Pour autant, l’idée d’investir dans la beauté en Afrique ne veut pas dire négliger les besoins essentiels. Il est important de trouver un équilibre entre fonctionnalité et esthétique, en recherchant des solutions capables de satisfaire les deux besoins. La beauté ne doit pas être un luxe, mais un élément intégral du processus de développement, qui prend en compte les différentes réalités géographiques et anthropologiques présentes en Afrique. Au Sahel, par exemple, où les populations nomades sont étroitement liées à la terre et au cycle des saisons, les projets intégrant beauté et fonctionnalité peuvent favoriser une plus grande stabilité et résilience. Les espaces construits avec une attention particulière au design peuvent devenir des centres de regroupement et d’apprentissage, apportant un soutien aux communautés sédentaires et nomades en transit. Dans les vastes paysages africains et à la périphérie des villes, une architecture qui reflète la beauté du territoire peut créer un sentiment d’appartenance et d’identité culturelle. Cela peut conduire à la préservation des traditions locales et à la valorisation des ressources naturelles, tout en favorisant la durabilité environnementale et en projetant la communauté vers l’avenir. En conclusion, la beauté peut effectivement contribuer à sauver l’Afrique, mais seulement si elle est considérée comme partie intégrante des projets de développement. Investir dans de beaux projets améliore non seulement l’apparence visuelle des structures, mais contribue également à créer des communautés plus fortes et plus résilientes. L’équilibre entre fonctionnalité, durabilité et beauté est fondamental pour assurer un avenir prospère et durable à l’Afrique, en tenant compte de ses diverses réalités géographiques et anthropologiques. La beauté peut être une lueur d’espoir sur un continent en constante évolution.
